La pédagogie Montessori à l'aune des neurosciences

Les neurosciences valident une pédagogie vieille de plus d'un siècle

FACILITER LES APPRENTISSAGES

Karine Lesur, psychopédagogue

Olivier Houdé, professeur de psychologie du développement et spécialiste reconnu en sciences cognitives, s’est souvent exprimé sur la pertinence de la pédagogie Montessori. Dans son ouvrage "L'École du cerveau" et à travers diverses interventions, il met en avant les points de convergence entre cette approche éducative et les découvertes des neurosciences. Voici les aspects qu’il souligne particulièrement :

1️⃣ Le rôle des fonctions exécutives :
Les fonctions exécutives (mémoire de travail, inhibition cognitive et flexibilité mentale) sont des piliers de l’apprentissage. La pédagogie Montessori, avec son insistance sur l’autonomie et la maîtrise progressive des compétences, favorise le développement de ces fonctions clés. Olivier Houdé explique que les activités Montessori aident les enfants à entraîner leur capacité d'inhibition, indispensable pour résister aux automatismes.
2️⃣ La plasticité cérébrale :
Montessori avait identifié des périodes sensibles, où l’enfant est particulièrement réceptif à certains types d’apprentissages. Olivier Houdé rapproche cette notion des découvertes sur la neuroplasticité, montrant que le cerveau est plus malléable durant certaines phases du développement.
3️⃣ L’importance de l’attention et de la concentration :
L’attention soutenue est une condition essentielle pour apprendre efficacement. Olivier Houdé note que Montessori, en proposant des environnements silencieux, ordonnés et remplis de matériel auto-correctif, crée un cadre idéal pour entraîner l’attention et la concentration des enfants.

Ainsi, Maria Montessori aurait-elle pressenti de nombreuses vérités aujourd’hui confirmées par les recherches en psychologie cognitive et neurosciences.
Pour Olivier Houdé, intégrer les neurosciences dans l’éducation ne signifie pas abandonner les pédagogies existantes, mais plutôt enrichir ces pratiques. Il ne se contente donc pas de valider Montessori, il montre comment cette pédagogie peut être encore plus performante lorsqu'elle est associée aux avancées de la recherche scientifique.
Il propose par exemple d’introduire des apprentissages métacognitifs, où l’enfant réfléchit à sa façon d’apprendre, ou d’utiliser les découvertes sur les biais cognitifs, pour aider les élèves à dépasser des réflexes intuitifs parfois erronés dans leurs raisonnements.

En tant qu'enseignante, j'ai été intuitivement attirée par la pédagogie Montessori à laquelle je me suis formée. J'ai suivi de près, à l'époque, les polémiques autour de l'ouvrage de Céline Alvarez, qui reprochaient notamment à celle-ci la non-validation scientifique de sa démarche. Elle aura néanmoins eu le mérite de remettre au goût du jour une pédagogie centenaire.
Aujourd'hui, j'intègre certaines activités Montessori à mon accompagnement en psychopédagogie, et je suis ravie de voir celle-ci corroborée par les neurosciences.

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